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Eugénie Guyennon, pharmacien d’officine en activité depuis 13 ans, formatrice certifiée CP-FFP et conseillère en allaitement auprès des familles.

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Vaccin Covid19 femme enceinte

Covid-19 : faut-il vacciner les femmes enceintes ?

Les femmes enceintes ayant passé le premier trimestre bénéficieraient beaucoup d'une vaccination contre le Covid-19, de préférence avec un vaccin à ARNm, Pfizer et Moderna, dont les données de sécurité sont les plus solides.

Covid19 vaccin femme enceinte

Avec un peu de retard sur les données de population générale, les preuves s’accumulent en faveur de la vaccination anti-Covid-19 chez les femmes enceintes. D’autant que le nouveau-né pourrait lui-même hériter d’une certaine forme de protection contre le virus. Pour la Pr Catherine Weil-Olivier, pédiatre et membre de la plateforme d’information sur la vaccination Infovac, il est possible de vacciner du Covid19, les femmes enceintes dès le deuxième trimestre de la grossesse.

Les femmes enceintes, à risque face au Covid 19

Le risque réel de maladie grave et de décès chez les femmes enceintes est faible dans l’absolu, mais il est significativement plus élevé que chez les personnes non enceintes du même groupe d’âge. D’après une étude des CDC (autorités de santé américaines) sur plus de 450.000 femmes atteintes de Covid-19 symptomatique, elles risquent davantage d’être hospitalisées dans une unité de soins intensifs et de nécessiter un niveau élevé de soins, y compris une assistance respiratoire par machine, et risquent davantage de mourir si cela se produit. Les décès et dépressions maternels ont d’ailleurs augmenté depuis le début de la pandémie, d’après une étude publiée dans le Lancet. « Le Covid-19 pendant la grossesse a été associé à des augmentations constantes et substantielles de la morbidité et de la mortalité maternelles graves et des complications néonatales » chez les femmes enceintes, conclut une autre équipe dans une étude sur plus de 2.000 femmes enceintes dans 18 pays, dont la France.

« La grossesse et le Covid ne font pas bon ménage, comme pour la grippe d’ailleurs, entre autres du fait de la compression progressive du parenchyme pulmonaire exercée par l’utérus des femmes enceintes », explique la Pr Catherine Weil-Olivier, interrogée par Sciences et Avenir. En clair, le volume pulmonaire des femmes enceintes est moins important. Elles souffrent donc d’une fragilité supplémentaire face à ces pathologies respiratoires. De plus, et d’après une publication dans Nature, il existe un risque de transmission du virus du Covid-19 au bébé par le placenta, ajoute-t-elle, conduisant à des cas potentiellement graves. Enfin, le Covid-19 « multiplie par 3 le risque d’accouchement prématuré », précise l’Académie de Médecine dans un communiqué de mars 2021.

Les vaccins à ARNm sont naturellement détruits dans l'organisme

En soi, vacciner les femmes enceintes est recommandé. Les vaccins existants sont pour la plupart autorisés aux femmes enceintes.
« Il n’existe aucune contre-indication à l’administration de vaccins au cours de la grossesse, à l’exception des vaccins vivants tels que le BCG et les virus atténués (rougeole, oreillons, rubéole, varicelle, fièvre jaune) », rappelle l’Académie de médecine. Le vaccin contre la grippe est même particulièrement recommandé.
Quant aux vaccins anti-Covid basés sur l’ARNm (Pfizer et Moderna) ils s’avèrent avec le recul actuel « très sûrs », et « n’ont aucun impact sur les noyaux des cellules (contenant l’ADN, code génétique d’un sujet) », rassure la Pr Weil-Olivier. « Les vaccins à ARNm sont un progrès fabuleux, des vaccins d’avenir contre d’autres pathogènes », ajoute-t-elle. Pour rappel, ces vaccins consistent à injecter un morceau synthétique d’ARNm, une sorte de notice génétique qui permet à nos cellules de produire elles-mêmes une protéine caractéristique du virus : la protéine S ou « Spike ». Cette protéine seule ne présente pas de danger et est détruite naturellement par l’organisme, mais elle permet au système immunitaire de créer des défenses sur mesures au cas où elle réapparaitrait sous la forme d’une infection réelle par le Covid-19. Quant aux particules d’ARNm, elles « sont éliminées par notre organisme en quelques heures ou quelques jours, il est donc peu probable que ces particules atteignent ou traversent le placenta », rassure la Dr Ilona Goldfarb, spécialiste de la médecine fœtale, sur le site de la Harvard Medical School.

Dans la vraie vie, les femmes enceintes vaccinées se portent bien

Sur le plan clinique, si les femmes enceintes n’étaient pas inclues dans les études évaluant l’efficacité et la sécurité des vaccins anti-Covid, des données rassurantes sont disponibles. D’abord, malgré la sélection à l’inclusion dans l’étude Pfizer/BioNTech, 57 femmes vaccinées sont tombées enceintes pendant l’essai clinique. Un taux de grossesses accidentelles similaire à celui des groupes témoins, ce qui indique qu’il ne semble pas avoir d’effet sur la fertilité. De plus, vacciner les femmes enceintes n’a pas plus d’impact sur les fausses couches, résume la chercheuse britannique Victoria Male dans la revue Nature.

Mais ce ne sont pas les seules données. Sur plus de 35.000 cas de femmes enceintes ayant reçu les vaccins à ARNm de Pfizer ou Moderna, les douleurs au point d’injection, la fatigue, les maux de tête et douleurs musculaires ont été les réactions les plus fréquentes, notamment après l’administration de la deuxième dose des deux vaccins, d’après des travaux publiés dans le New England Journal of Medicine. Dans la même étude, les auteurs analysent les données d’une autre cohorte de plus de 5.200 femmes enceintes vaccinées là aussi par les produits à ARNm. Chez ces femmes, le taux de naissances normales, de naissances prématurées ou autres événements néonatals « semblaient similaires aux incidences publiées dans la littérature » en dehors de toute vaccination, ont conclu les auteurs.

SOURCE DE L'ARTICLE

Sciences et avenir : www.sciencesetavenir.fr